Il y a ça de magique dans la littérature qu’elle met en mots des sentiments. Ceux les plus pudiques, ceux qu’on aimerait bien parfois ne pas ressentir ou au contraire qu’on souhaiterait crier au monde.
Ce court roman en est une preuve. Alberto et Isabella forment un couple ordinaire. Un peu bobo, un brin égoïste peut-être mais pas moins normal qu’un autre. Quand leur fils leur annonce qu’il va vivre à New-York, point de détail dans une histoire familiale sans heurts, Alberto va remettre en question tout son quotidien et ne plus savoir où il habite vraiment. Isabella, plus pragmatique va continuer à mener une existence entre son travail à Bruxelles et ses lubies du moment.
Enervant, Alberto agace mais nous fait réfléchir à nos propres réactions face à la solitude et l’abandon. Un seul être vous manque est le monde est dépeuplé comme disait l’autre ? Qu’est-on au delà des considératons matérielles et des structures familiales et amicales bien en place pas prévues pour changer ? Autant de questions qu’on se pose en lisant la prose d’Eric Genetet.
Un texte sur la sensibilité qui met en mot la crise de la quarantaine du narrateur (et peut-être de l’auteur dans le même temps !) qui bouscule une vie et des valeurs. Un livre de plus sur le milieu de vie parfois vécue comme une épreuve mais un livre qui a le mérite d’exister. On s’intéresse, sans s’attacher vraiment, même pour un court moment, aux personnages. Une poésie agréable à lire, des phrases parfois un peu clichées et embourgeoisées mais malgré tout un bon moment. Pas le livre de l’année certes mais une parenthèse empreinte de réalité et de subtilité.
Et n’attendre personne, Eric Genetet, Héloïse d’Ormesson, 2013
Merci à Libfly pour cette lecture!
Une réflexion sur “Et n’attendre personne de Eric Genetet”