« C’étaient les années 20… Les filles étaient espiègles, les cheveux au carré et les bouches en cœur », voici comment on pourrait qualifier l’époque dans laquelle La Casati a vécu.
Femme libre et décalée, elle a tenté de vivre avec son temps en composant avec un début de siècle en contradiction avec sa façon d’être et sa manière de voir la vie. Luisa Casati Amman est racontée ici avec subtilité mais sans pudeur. Née héritière d’une des plus grandes fortunes d’Italie, elle meurt sans le sou dans les années 50. Très peu connue ou au contraire objet de fascination auprès des éminents artistes qui s’extasient encore devant la femme aux trois yeux de Man Ray, elle fut représentée 124 fois en tout.
Grâce à cette BD, on entre dans le vif du sujet avec des personnages très divers (ses amies, sa famille, ses amants et même son chien !) qui racontent. Qui décrivent sans faux-semblants les affres d’une vie passée à cent à l’heure. Artiste et modèle de peintres et de génies (Man Ray, Dali…), elle fut la muse de toute une génération qui voyait en elle une inspiratrice. Un beau portrait de cette femme qui envoyait valser la société et jusqu’à son intimité.
Grande timide derrière un personnage monté de toutes pièces, trait après trait, du maquillage aux parures, La Casati représentait la souffrance de toute une catégorie sociale en devenir. Un coup de crayon précis, très réaliste qui nous entraine avec brio dans la vie d’une femme tourmentée et en proie aux angoisses de la création et de la solitude. Une plume originale qui fait parler des personnages qui ont marqué sa vie. Néanmoins, le manque de panache et la répétition de certains événements ont rendu cet ouvrage moins haletant et fascinant que ce à quoi je m’attendais. Dommage ! A lire en parallèle La Casati de Camille de Peretti chez Stock, univers romancée de la muse.
La Casati, Vanna Vinci, Dargaud, 2013