Afghanistan: la guerre fait rage. Au milieu des quartiers en ruine une femme essaie de sortir son mari de la léthargies dans laquelle il se trouve suite à une balle reçue dans la nuque. Il ne bouge plus, ne parle plus, ne sent plus rien… Entend-il? Comprend-il? C’est toute l’énigme de ce film!
D’abord anéantie, perdue, et bientôt à cours de ressources, sa femme va chercher de l’aide auprès de sa tante, une prostituée. Peu à peu, alors qu’elle le soigne, elle se met à lui raconter ses journées puis ses sentiments. Elle lui confie son manque d’amour, sa rencontre avec un jeune soldat puis ses secrets les plus inavouables… elle comprend que ce mari qui ne l’a jamais écouté, ni regardé est devenu, selon la légende, sa pierre de patience : un objet capable de conserver les pensées les plus secrètes jusqu’à son implosion qui libère celui qui se confie…
Singue sabour fait parti de ces films qu’on a envie d’applaudir à la fin et qui laisse sans voix. C’est un bijou à plusieurs niveaux. D’abord des images et une mise en scène magnifique : le réalisateur pousse l’esthétisme jusque dans les scènes les plus barbares nous laissant subjugués par sa manière de montrer la beauté au sein de la laideur. Ensuite, il y a l’histoire : celle de cette femme et derrière elle, les conséquences d une religion qui, poussée à l’extrême, devient éminemment cruelle et méprisante envers les femmes. Et celles-ci n’ont alors d’autres solutions que se soutenir entre elles et d’endurer sans se plaindre. Enfin, il y a l’actrice, Golshifteh Farahani, qui fait le film presque à elle toute seule grâce à sa beauté, qui grandit à mesure qu’elle se confie à son mari, et grâce à son talent digne d’une grande conteuse.
Finalement on s’interroge. Qui est la pierre de patience? Le mari, à moitié mort, ou cette femme d’une force incroyable comme le sont toutes les femmes de sa condition?
Pour voir la bande-annonce!
Sybgué Sabour, Pierre de patience, 2013
A chacun sa vérité 