Dessiner pour se souvenir ? Oublier ou ne pas oublier ? La littérature et le dessin permettent aussi de se poser ces questions. SURTOUT, devrais-je dire. Davide Reviati en sait quelque chose. Son personnage principal aussi.
Vingt ans après le soulèvement des étudiants chinois, presque jour pour jour, Dario, devenu journaliste en Italie, revient sur cette place pour questionner, rendre compte de ce qui se dit et se passe aujourd’hui, des années après les faits. Et tenter de se souvenir de celle qu’il a laissé derrière lui, en 1989, avec une promesse aux lèvres, celle de revenir. Un pan de l’histoire chinoise que l’auteur nous met en main sans grosse concession. Abrupte, le texte est un peu violent, déroutant, on se trouve face à des bulles vides, des non-dits et des questionnements encore laissés en suspens.
Du trait fin et qui décrit avec rigueur des endroits, des lieux et des toutes petites places qui donnent des indications historiques et géographiques précises aux lecteurs, on passe au coup de crayon plus grossier qui donne à voir des visages, la souffrance au fond des coeurs et le doute.
Les couleurs y sont dissoutes et diffuses pour mieux faire ressentir le doute et l’absence d’espoir. Un très beau travail graphique qui vaut le détour, pour contempler ou se soumettre à la façon de nous remettre, nous aussi, en question. Un beau challenge de la part de l’auteur/illustrateur qui veut témoigner.
Cependant, il manque du texte pour expliciter et dire avec force l’histoire. On reste souvent sur notre fin et c’est dommage! Le vide des bulles a parfois l’effet escompté, celui de nous faire notre propre interprétation, cependant, parfois, on cherche, on a beau essayer, ça marche moins bien!
Une BD à lire pour ce qu’elle nous apprend des faits historiques et pour le graphisme, une belle réussite. Pas inoubliable mais intéressant! Et vous qu’en penserez-vous ?
Oublier Tian’anmen, Davide Reviati, Cambourakis, 2013