C’est vraiment bien! Voilà ce que certains me disent quand ils sont en train de lire un bon livre. Oui, bah, oui c’est un peu court. Mais parfois seule cette petite phrase suffit pour me décider.
Ce livre, je le voyais déjà depuis un petit bout de temps sans me persuader à le commencer. Grand classique de la littérature Américaine et unique livre de cet auteur persuadé de n’avoir aucun talent, La conjuration des imbéciles restait pour moi un roman un peu dense et à la lecture laborieuse. Oui, dense, ça, je ne vous le cacherai pas. Mais laborieuse, non. Bien sûr, le style n’est pas facile facile mais ça se lit malgré tout, très bien.
Il faut entrer dedans, dépasser la crainte de ne pas accrocher aux passages en argot qui donne au texte un ton tout particuier.
Entrez donc dans l’univers de gens ordinaires qui frôlent, comme le dit si bien le titre, le statut d’imbécile. Mais attention, ce livre est un outil de manipulation. Il vous embarquera dans la vie d’Ignatus Reilly et de sa mère, sur des chemins aux nuances d’idiotie et de simplicité qui pourtant s’avéreront tout sauf niaises en fin de compte. Suivre leurs quotidiens et s’apercevoir que leur vie est une mascarade faite de quiproquos et de décalages perpétuels vous fera surement sourire, voire rire.
Ignatus, c’est le type aux allures de parasite. Un homme, plus tout jeune, vieux garçon qui ne veut pas travailler et qui pense être au-dessus des autres. Un homme qui maîtrise la langue et qui ne s’imagine pas pouvoir apprendre des autres. De petits boulots en grosses bourdes, la vie va lui apprendre à prendre les choses autrement que comme il l’a décidé. Mais est-ce bien suffisant ?
JK Toole manie avec adresse l’art de vous faire constater que, oui, vraiment ya des gens cons hein.. en vous prenant vous-même pour un benêt. Hé oui, tel est pris qui croyait prendre. C’est exactement comme ça que l’on pourrait résumer ce livre. Ironie, humour noir et cynisme sont au rendez-vous. Ici, on s’étonnera des situations cocasses, quasi irréelles ou surréalistes mais un avec un plaisir à peine dissimulé.
On s’attachera aux personnages qui nous font osciller entre amusement et dégout, véritable bouffon du roi des temps modernes, Ignatus, écrivain raté assoifé de reconnaissance ne vous laissera pas indifférent. Parfois effleurés, souvent décrits avec moins de superficialité, bien des thèmes sont mis en exergue pour transformer ce roman en réelle satire de la société américaine. De la sexualité à l’amitié, en n’ommettant point la famille et la valeur du travail, l’auteur n’aura pas eu la langue dans sa poche.
Néologismes en tous genres, l’auteur use et abuse de la conjugaison des styles et de l’utilisation de nouveaux mots qui sonnent pour le lecteur comme quasi-normaux et familiers. On jongle entre les passages qui nous font oublier notre français et qui nous font envie de tirer notre chapeau au traducteur!
Ainsi, ce n’est pas sans raison que vous lirez ce bouquin mais en pensant à la vie de ce jeune auteur Américain né en 1937, engagé à Porto-Rico lors de son service militaire et lauréat d’un master en littérature qui n’aura rien laissé d’autre que ce chef d’oeuvre en guise d’adieu à sa mère. Persevérante, cette dernière a persuadé un éditeur de publier ce texte qu’elle considérait comme une perle de littérature.
Un seul regret partagé par les amoureux de la littérature, l’abscence d’autres titres écrits par ce jeune homme génial, couronné, à titre posthume par le prix Pulitzer en 1981.
La conjuration des imbéciles, John Kennedy toole, 1969
C’est amusant, j’ai lu ce livre cet été, à peu près au moment de ton post… Ignatus est un personnage fascinant, qui ne peut pas laisser indifférent ! C’est un livre que l’on apprécie de lire, et d’avoir lu, tant qu’il apporte quelque chose en plus.
Bravo et merci pour ton blog, que je découvre plus à fond aujourd’hui (je profite de mes vacances…)
Merci pour ton avis sur ce très chouette livre ! C’est assez fascinant comme histoire et en plus l’anecdote autour de son édition ne laisse pas indifférent! 🙂 Merci de lire le blog, n’hésite surtout pas à t’inscrire à la newsletter !