Molly et Grace n’ont pas grand chose en commun, si ce n’est leur âge et leurs rêves. Pas mal déjà, diriez-vous. Pourtant, en 1957, aux Etats-Unis, ça ne suffit pas.
Si on ne naît pas dans le même couffin blanc que la plupart des habitants de l’Arkansas, on est un paria. Noir, pauvre la plupart du temps, on ne fait pas de vieux os si le caractère n’est pas un peu affirmé et l’espoir bien en place. Cette année -là, Molly va connaître un grand changement. Celui de quitter son lycée et de rejoindre celui des blancs. Pas une mince affaire quand on sait que même les lycéens y sont opposés.
Pourtant, Molly veut en être. Faire partie des adolescents qui mettront leur petite pierre au grand édifice du progrès, une aventure excitante ! Le début n’est pas simple, les choses difficiles à se mettre en place. Entre insultes et agressions violentes, les jeunes adultes ne savent pas trop à quoi s’en tenir. Tiraillés entre volonté politique et bêtise humaine, la vie n’est pas douce. Mais qui dit que le jeu n’en vaut pas la chandelle ?
Un récit original qui met en valeur deux paroles, deux situations et deux façons de voir la vie à cette époque et en ce lieu qui pourrait être presque n’importe où dans le monde.
En parallèle de celui de Molly, le discours de Grace, jeune fille de bonne famille qui deviendra pourtant une défenseuse des droits de l’Homme, s’imbrique avec pertinence et nous redonne foi en l’humanité. Une double narration qui nous fait jongler entre deux mondes et nous prouve qu’il est possible d’espérer, même dans les situations les plus troubles.
Un roman intelligent sur la ségrégation raciale, les discriminations et le racisme. Un texte fort sur la bêtise humaine et l’influence, un style simple mais jamais réducteur. Inspiré de faits réels, qui plus est ! On lit avec plaisir ces pages qui nous font réfléchir sur l’évolution et l’histoire. Un air qui fait penser à La couleur des sentiments et à bien d’autres sur le même sujet.
Vous en sortirez avec une envie de lire d’autres ouvrages sur le même thème! Pari réussi!
Jeter un coup d’oeil au blog d’AL Heurtier !
Sweet sixteen, Anne-Lise Heurtier, Casterman, 2013
Et les autres, ils en pensent quoi ?
Annelise Heurtier, par une plume limpide et concise, réussit à nous immerger dans l’ambiance oppressante de l’époque. La narration à deux voix apporte un effet miroir du quotidien de deux lycéennes (noire et blanche) dans la tourmente. Avides lectures
Malgré les anecdotes cruelles et la tension palpable, ce roman ne sombre jamais dans le pathos ou la violence gratuite. Il distille juste ce qu’il faut d’émotions et de justesse afin que chacun puisse se rendre compte des mentalités de l’époque et du courage absolu qu’il a fallu à ces neuf étudiants et leurs proches pour continuer à se battre pour un meilleur avenir. L’évocation des années 50 est encore plus réussie notamment grâce aux références musicales et culturelles qui jalonnent les chapitres. Une lecture salutaire, qui ne laisse personne indifférent et qui montre qu’il y a toujours de l’espoir malgré les obstacles. L’Emile
Aujourd’hui encore, plus d’un an après avoir terminé mes recherches pour l’écriture de ce roman, je reste sans voix devant la force de caractère qu’il aura fallu à ces neufs jeunes pour ouvrir la voie…mais aussi devant l’ouverture d’esprit dont ont fait preuve les quelques blancs qui les ont soutenu, à l’encontre de toutes les idées reçues depuis leur enfance, malgré les pressions diverses et les menaces de mort du KKK. Blog d’Anne-Lise Heurtier herself ! 🙂