Pas une de moins ni une de plus pour ce recueil qui retrace le parcours d’écriture d’Ann Beattie.
Publiées depuis les années 70 dans le prestigieux journal Américain, les histoires qui se succèdent auraient du me plaire. Inconditionnelle de Raymond Carver, de sa plume acerbe, réaliste et parfois sarcastique, j’imaginais surement (à tort ou à raison mais en me fiant à une des lignes dithyrambiques en quatrième de couv.) que le style et le message délivrés dans les courts textes proposés m’envoûteraient. Il n’en a rien été. Quel dommage!
On dit souvent que lire un livre et l’apprécier dépend du moment où vous le lisez. Tous les lecteurs, timides comme investis, ne me contrediront pas. Que bien souvent le subjectif et le cœur l’emportent sur la raison et l’objectivité raisonnable qui peuvent pourtant bien aider pour aimer ou pas un texte ou au moins en tirer une leçon.
Cet ouvrage en est la preuve.
Mi-figue, mi-raisin, je suis pourtant allée au bout. Pour me persuader peut-être que le temps, le moment, mon état d’esprit changeraient surement et rendraient ces nouvelles plus propices à mon attachement. Et pourtant, l’alchimie n’a pas fonctionné. La magie du miroir social ne m’a que peu touchée.
Bien sûr, il s’agit d’entrer dans un style que l’on ressent dès les premières lignes de la première nouvelle. On le sent, on le palpe comme différent, décalé, et qui nous fait tourner en bourrique pour nous provoquer et nous faire réfléchir. Là, ça a marché. Je dois l’avouer. J’ai été agacée par certains personnages, été prise de pitié par d’autres, touchée par des portraits qui, bien souvent, m’ont faire dire Mais non, quand même, c’est un peu tiré par les cheveux là!
Je ne peux pas en dire autant de l’histoire de chacune des nouvelles.
Des situations parfois cocasses ou impertinentes qui mettent en exergue un trait de caractère, un vice moral ou tout simplement qui nous renvoient notre propre image d’homme social dans une époque que l’on ne choisit pas.
La plupart du temps, à chaque entrée dans un des seize textes, le début m’attirait, mais à chaque fois ou presque j’ai lâché prise, n’arrivant pas à m’imprégner de l’ambiance et à me cramponner au message. Heureusement, les thèmes qui en ressortent se répètent et on capte avec attention, malgré tout, ce que l’auteure a voulu transmettre. Famille, couple, âge adulte, solitude, statut social, autant de sujets qui ne manqueront peut-être pas de vous charmer mais qui pour une fois ne m’ont pas hélée et gardée en place.
Heureusement, je ne suis pas sortie de ce recueil absolument déçue! Chapeau bas à la dernière nouvelle qui m’a beaucoup amusée et touchée à la fois. Une histoire d’âge, de vieillesse qui se mue en véritable tour de force pour l’auteure qui a su montrer avec drôlerie l’aspect peu positif d’une maladie plus actuelle que jamais. Comme quoi, rien n’est blanc ou noir, la vie est faite de nuances.
Comme la littérature.
Reste à vous faire un avis, le vôtre bref celui qui comptera parmi tous les autres.
Nouvelles du new Yorker, Ann Beattie, Christian Bourgois, 2013
Et les autres, ils en pensent quoi ?
Un plaisir, un bijou, un super recueil que je vous conseille absolument. Reading in the rain
Choisies parmi les quelque quarante fictions courtes qu’Ann Beattie a publiées dans le New Yorker au long de quatre décennies, depuis le milieu des années 1970, elles mettent aussi en avant l’acuité avec laquelle Ann Beattie se maintient en prise directe avec l’air du temps, captant ses symptômes minuscules et faussement superficiels (tel vêtement, telle marque de voiture, telle destination de week-end ou telle attitude en vogue…), peignant à travers les moments domestiques anodins auxquels elle s’attache le tableau plus ample, collectif, d’une classe moyenne américaine dont les assises morales s’effritent, bougent, se modifient. Télérama